Un texte intéressant sur l'actualité, à méditer aussi pour ses implications philosophiques plus larges. Par ailleurs, je ne dirais pas que la politique de Mme Merkel est "ein Fehler". Bien au contraire, de son point de vue, je crois qu'elle et son équipe obtiennent pour le moment ce qu'ils désiraient, consciemment ou non.
Quand on est très décidé et méthodique, on arrive fréquemment à ses fins. Mais la question est de savoir si, ensuite, au bout du compte, on est satisfait d'avoir obtenu ce que l'on voulait. N'arrive-t-il pas un jour qu'on ne veuille plus ce qu'on a voulu, quand pourtant enfin cela se produit ? N'est-ce pas précisément ce qui est arrivé à Oedipe ?
L'histoire jugera.
Par ailleurs, le problème des contradictions internes au système des mandats politiques dans une union qui ne l'est pas est patent, et le philosophe allemand a parfaitement raison de le souligner.
Mais la solution tout aussi parfaitement logique qu'il propose est problématique. La question est : sommes-nous en mesure aujourd'hui, sur des choix fondamentaux de société (je ne parle pas de la longueur du cornichon, mais de l'impôt, de l'immigration, de la politique sociale, de la paix ou de la guerre), de nous soumettre à la décision collective d'une majorité qui regrouperait les représentants de plusieurs nations et dont les nôtres seraient une minorité parmi d'autres ?
C'est d'ailleurs une question qu'il faudrait poser dans toutes les langues de l'Europe d'aujourd'hui.
L'état économique, social, intellectuel actuel des sociétés européennes me paraît clairement exclure aujourd'hui la possibilité d'un tel choix : les européens ne se considèrent pas (et ne se traitent pas) actuellement les uns les autres comme des citoyens ayant une voix égale au chapitre. Ce n'est qu'un constat élémentaire ; il n'est pas besoin d'être un farouche et cynique réalpoliticien pour y souscrire (voir le dernier article ci-dessous).
Une telle possibilité présuppose une Europe différente, avec au minimum une identité commune forte et le sens d'un intérêt commun fort. On n'aperçoit rien de tel dans le réel. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas travailler à les faire émerger. Mais ce qui veut dire qu'en tout état de cause, il sont aujourd'hui trop faibles pour supporter le poids de l'édifice qu'on veut bâtir au dessus.
Tout bon architecte ne doit-il pas réfléchir à la répartition des forces sur la charpente comme sur les fondations ?
D'ailleurs les partisans d'une union politique - autrement dit les fédéralistes - voient à chaque élection successive s'affaiblir un peu plus leur voix et leurs arguments. Est-il dans leur propre intérêt possible longtemps d'ignorer ainsi le réel ?
Il me semble que ce n'est pas pendant la crue qu'on enlève les vieilles digues pour en bâtir de nouvelles.
L'union de coopération n'est pas une union politique parfaite ni complète, cela n'en est pas moins une union bénéfique et intéressante. Il serait regrettable de détruire l'une sous prétexte de vouloir bâtir l'autre sur du sable.
Il en résulte d'ailleurs que l'union monétaire doit être progressivement réaménagée pour éviter de détruire les forces de coopération, qui faiblissent un peu plus chaque fois que se présentent les chocs externes ou internes au continent européen, auxquels d'autres ensembles politiques se prêtent d'ailleurs bien volontiers.
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Habermas: Merkels Griechenland-Politik ist ein Fehler
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http://www.sueddeutsche.de/wirtschaft/europa-sand-im-getriebe-1.2532119
Texte original de la Süddeutsche Zeitung : Warum Merkel's Griechenland Politik ein Fehler ist.
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" La scandaleuse politique grecque de l'Europe ", par Jürgen Habermas
Le Monde | * Mis à jour le | Par Jürgen Habermas (Philosophe) Le résultat des élections en Grèce exprime le choix d'une nation dont une large majorité se met en position défensive face à la...
Texte traduit par Le Monde, article payant. On notera la modification du titre : "la politique grecque de Merkel" est devenue "la politique grecque de l'Europe".
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Quand Habermas pointe la dérobade des dirigeants politiques européens
"La scandaleuse politique grecque de l'Europe". Ce texte est paru dans la SüddeutscheZeitung, la semaine dernière. Puis il a été traduit intégralement par Le Monde qui l'a publié le 25 juin. ...
Un extrait du texte dans Ouest France.
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La presse européenne, miroir du fossé qui se creuse entre Européens...
Et si le fossé culturel, dans les perceptions de la crise grecque vue d'un pays à l'autre, étaient encore plus grand que le désaccord politique? C'est la question, inquiétante, qu'inspire la l...
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